Deux colosses égyptiens, issus du fond des mers, annoncent majestueusement depuis hier l’exposition événement qui ouvrira bientôt à l’Institut du monde arabe.
Un bruit sourd inonde le quai Saint-Bernard (Paris Ve), devant l’Institut du monde arabe dont les parois métallisées vibrent. Une stèle de 6,10 m pour 18 t est installée par des grues ce matin au pied du bâtiment, ainsi que deux immenses colosses de part et d’autre.
Ces statues de granit rose représentent un roi et une reine d’Egypte, datant de la dynastie des Ptolémée (vers 300 avant notre ère), et atteignent 5 m de haut. Les curieux rassemblés pour leur élévation sont de minuscules fourmis côtoyant ces géants de pierre, importés des musées du Caire et d’Alexandrie. « Il va nous falloir une demi-heure pour en mettre un sur pied, détaille un compagnon du devoir mobilisé sur le chantier, mais ce n’est rien comparé aux jours entiers qu’il nous a fallu pour les restaurer. »
Ces trois œuvres gigantesques sont les premières pierres de l’exposition « Osiris, mystères engloutis d’Egypte » qui ouvrira ses portes le 8 septembre. Une collection mélangeant sculptures et vidéos, qui sera exposée à l’Institut du monde arabe jusqu’au 31 janvier. Sur les 293 pièces de l’exposition, 250 proviennent de fouilles sous-marines opérées depuis 1997, en Egypte, par l’Institut européen d’archéologie sous-marine (IEASM). « J’ai eu la chance, avec mon équipe, de pouvoir découvrir les deux villes englouties de Canope et de Thônis-Héracléion qui, peu à peu, révèlent leurs mystères », résume Franck Goddio, archéologue, directeur des fouilles de l’IEASM et commissaire de l’exposition. Le roi, la reine et la stèle ont été trouvés sous l’eau, il y a une dizaine d’années, dans ces villes submergées depuis le VIII e siècle, dans la baie d’Aboukir, à quelques kilomètres d’Alexandrie, dans le nord de l’Egypte. Ils encadraient l’entrée d’un temple dédié aux Mystères d’Osiris, succession de rites initiatiques qui honoraient la légende du dieu du Nil pendant vingt et un jours.
Les Mystères d’Osiris
« Tous les objets immergés étaient recouverts de sédiments, jusqu’à trois mètres parfois ! » détaille Franck Goddio. L’équipe d’archéologues peut suivre en direct le travail des plongeurs grâce à des images en 3D captées par les caméras sous-marines. Mais ce n’est qu’à l’issue d’un travail colossal de restauration que ces pièces uniques seront identifiées.
Les yeux rêveurs, Franck Goddio souligne que c’est la première exposition de ce type dans le monde, car on commence seulement à percer les secrets des Mystères d’Osiris. L’archéologue ne cache pas sa fierté, alors que la stèle repose maintenant à la verticale : « C’est le plus beau moment de mon travail. Ces objets incroyables retrouvent leur majesté deux mille ans après. »
« Osiris, mystères engloutis d’Egypte », à partir du 8 septembre, à l’Institut du monde arabe (Paris Ve). exposition-osiris.com.