Le Premier ministre finlandais devrait présenter mardi la démission de son gouvernement, afin de se séparer de son partenaire de coalition, les Vrais Finlandais (eurosceptiques), qui ont élu à leur tête un homme condamné pour des propos racistes.
Lundi, le centriste Juha Sipilä, qui dirige l’exécutif réunissant le centre, les conservateurs et les Vrais Finlandais, a annoncé qu’il souhaitait la fin de ce gouvernement, en place depuis mai 2015. L’élection de Jussi Halla-aho à la tête du parti de droite anti-immigration rendait la coopération impossible.
M. Sipilä doit rencontrer le président Sauli Niinistö mardi à 12h00 GMT afin de présenter formellement la démission de son exécutif. Il se mettra ensuite en quête d’une nouvelle coalition, pour lui permettre de gouverner jusqu’à la fin de la législature en 2019.
Le parti des suédophones, partenaire habituel de toutes les alliances, et les chrétiens-démocrates se sont dit prêts à entamer des négociations formelles, tandis que l’opposition de gauche (sociaux-démocrates, verts et parti de la gauche) réclame une élection anticipée.
M. Sipilä semble hostile à l’idée de convoquer les électeurs. “L’objectif est d’avoir un gouvernement viable le plus vite possible”, a-t-il dit lundi soir, cité par le quotidien de référence Helsingin Sanomat.
Pour le ministre des Finances et chef des conservateurs, Petteri Orpo, le futur gouvernement doit être bâti sur des principes identiques à l’actuel. “Nous avons changé le cap en Finlande. Ça serait vraiment dommage que la ligne politique change”, a-t-il dit au journal.
Dès l’élection de M. Halla-aho, les conservateurs ont été très clairs sur leur refus de collaborer avec le nouveau chef des Vrais Finlandais.
“La dignité humaine, que nul ne peut nier, est le fondement de la démocratie à l’occidentale”, a notamment lancé M. Orpo.
– “Questions de valeurs” –
La rencontre lundi entre les trois présidents des partis de la coalition avait clairement montré qu’ils ne pouvaient s’entendre, notamment sur l’immigration.
“Toutes les décisions reposent sur des questions de valeurs mais les compromis sont obligatoires quand il y a trois partis dans un gouvernement. L’élastique ne s’étendait pas au point d’inclure M. Halla-aho”, a expliqué le Premier ministre centriste lors d’un débat télévisé diffusé sur la télévision publique Yle.
Outre l’immigration, la défense et l’Europe posent aussi problème, a-t-il relevé.
M. Halla-aho devrait très rapidement retourner dans l’opposition. Il cherchera ensuite à relever la popularité de sa formation, en rompant avec la ligne conciliante du fondateur du parti, le ministre des Affaires étrangères Timo Soini.
Un sondage publié jeudi par la télévision publique Yle créditait les Vrais Finlandais de seulement 9% des intentions de vote, soit la cinquième position, alors qu’aux législatives de 2015 ils étaient arrivés troisièmes avec 17,7% des suffrages.
Le nouveau président de ce parti souvent qualifié de “populiste”, député européen depuis 2014, est dénoncé par ses adversaires comme un extrémiste.
En 2008 sur son blog, il avait dénoncé l’islam et la communauté somalienne dans des propos insultants. Ces écrits lui avaient valu une amende pour incitation à la haine raciale et blasphème, dans une affaire qui est allée jusqu’à la Cour suprême en 2012.
(Source: AFP)