Le Kenya est entré mardi dans la dernière semaine d’une campagne électorale tendue en vue des élections générales du 8 août et notamment d’une présidentielle qui s’annonce serrée entre le sortant Uhuru Kenyatta et son rival Raila Odinga.
Cette réédition du duel de 2013 a donné lieu à une campagne acrimonieuse – l’opposition accusant le camp de M. Kenyatta de préparer des fraudes électorales – qui a installé dans le pays un climat d’appréhension et alimente les craintes de violences électorales.
Ces élections – par lesquelles les Kényans vont élire leurs président, gouverneurs, députés, sénateurs, élus locaux et représentantes des femmes à l’assemblée – interviennent 10 ans après celles de 2007, où l’opposition, déjà emmenée par Raila Odinga, avait crié à la fraude à l’annonce de la réélection du président Mwai Kibaki.
Le pays avait plongé dans deux mois de violences politico-ethniques et de répression policière sans merci qui avaient fait au moins 1.100 morts, chassé plus de 600.000 personnes de leurs foyers et durablement traumatisé un pays réputé stable dans une région traversée de nombreuses crises.
Le vote au Kenya se joue traditionnellement sur des sentiments d’appartenance ethnique et MM. Kenyatta (un Kikuyu) et Odinga (un Luo) ont mis sur pied deux puissantes alliances électorales. Pour les sondeurs, la présidentielle se jouera sur la capacité des deux camps à mobiliser leurs sympathisants le jour J.
La campagne électorale s’est déroulée dans un calme relatif. Elle a toutefois été ternie par une attaque samedi contre la maison du vice-président William Ruto, et par l’annonce lundi de l’assassinat, accompagné de torture, d’un haut responsable informatique de la commission électorale.
Le scrutin va donner lieu au déploiement sans précédent de 180.000 membres des forces de sécurité aux quatre coins de ce pays d’Afrique de l’Est un peu plus grand que la France métropolitaine.
Outre la présidentielle, l’élection des gouverneurs des 47 comtés, fruit d’une décentralisation mise en oeuvre en 2013, pourrait également déboucher sur des troubles localisés.
Comme à chaque élection dans ce pays de plus de 48 millions d’habitants, de nombreux Kényans travaillant dans les grandes villes sont rentrés dans leurs villages pour voter mais aussi par mesure de précaution.
Les grandes entreprises ont multiplié les consignes de sécurité pour leur personnel et bon nombre d’expatriés ou de Kényans aisés ont choisi de s’absenter du pays.
“L’anxiété qui s’est propagée dans le pays à l’approche des élections est malsaine”, avertissait récemment le principal quotidien du pays, le Daily Nation, dans son éditorial.
(Source: AFP)